COMMENT ÉVITER LA FUGUE CHEZ UNE PERSONNE VIVANT AVEC LA MALADIE D’ALZHEIMER ?

soutien affectif fin de vie

Lorsque l’on accompagne un proche vivant avec la maladie d’Alzheimer c’est toujours la loterie et l’on ne sait pas ce qui peut arriver au cours de la journée. Alors, l’accompagnant est en super-vigilance H24, angoisse, essaie de tout anticiper et les questions fusent. Vous ne pouvez pas le suivre à la trace jour et nuit. Et c’est là qu’arrive un scénario terriblement angoissant : la fugue.

Dans un premier temps, j’analyse les causes possibles de fugue. Puis, dans une deuxième partie je vous donne les actions à mettre en place en amont. Et dans une dernière partie (j’espère que vous n’aurez pas à la vivre) que devez-vous faire si cela arrive à votre proche.

I – QUELLES SONT LES CAUSES POSSIBLES DE FUGUE ?

 

 

Tout d’abord, retenez bien toutes les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer ne s’enfuient pas, c’est les faits divers que l’on entend qui amplifient ce sentiment. Je ne vous dis pas de nier le danger, mais de plutôt ne pas en faire une idée fixe en vous répétant que cela va vous arriver.
D’ailleurs, le terme « fugue » n’est pas le bon, une fugue inclut que l’on veut s’en aller d’un endroit dont on n’a pas le droit, où l’on se sent mal, et ce n’est pas forcément ce que ressent votre proche

Perdu(e)
Votre proche vit à domicile et est sortie faire une petite course. Il s’est probablement tout simplement perdu en chemin.

Rester trop longtemps à un endroit
Une personne vivant avec la maladie d’Alzheimer a des difficultés de notions temporelles donc elle peut considérer qu’elle a assez passer du temps à cet endroit et décider d’en partir

La confusion.
La maladie fonctionnant sur le principe de la loi de Ribot, si votre proche a vécu des déménagements dans sa vie, il se peut qu’il ne se souvienne pas de son domicile actuel, mais de celui d’avant.

Les illusions
Avec la désorientation dans le temps et la perte mémorielle, elle peut aussi croire qu’elle doit aller travailler ou récupérer ses enfants à l’école.

Elle peut aussi ne pas reconnaître le quartier, car les bâtiments alentour ont changé de nom voir d’affectation par rapport à ses souvenirs. Par exemple, le cordonnier qui est devenu un pressing ou l’enseigne du magasin qui est devenu plus moderne et difficile à déchiffrer ou encore un simple changement de propriétaire.

La sensation d’être en danger
Être chez soi peut être aussi une source d’angoisse, car votre proche interagit avec du personnel de santé dont il ne se souvient pas et qui ne se présente pas à chaque fois.
Cela peut aussi être une ambiance sonore qui le fait fuir. Par exemple le bruit de la télévision beaucoup trop fort notamment les films d’horreur ou de guerre. Cela peut être aussi le marteau ou la perceuse des voisins.
Dans les autres possibilités, votre proche ne s’est pas reconnu dans le miroir et donc pensé qu’un étranger est en face de lui et donc part se mettre à l’abri.

Le stress
Une poussée de stress amplifie les troubles. Du coup, la perturbation générée par le stress peut faire que votre proche s’énerve et ait besoin d’aller faire un tour pour se calmer tout simplement.

L’ennui
Avoir un sentiment de contrôle sur sa vie et s’occuper est primordial chez chaque personne, y compris votre proche vivant avec des troubles cognitifs. Ce n’est pas parce qu’il perd la mémoire que l’ennui n’existe pas. D’ailleurs, il côtoie en général des personnes qui font absolument tout pour lui sans lui demander son avis, comment voulez-vous qu’il s’occupe ?
De plus, si votre proche était très actif auparavant, celle reste ancré en lui donc il ressent le besoin de sortir.

problemes=solutions

II- QUELLES ACTIONS METTRE EN PLACE POUR ÉVITER LA FUGUE ?

Se sentir bien chez soi
Il est très courant que les personnes vivant avec des troubles cognitifs finissent par ne pas se sentir chez eux et donc décident de partir.
Du coup, n’hésitez pas par exemple à ressortir des vieux meubles que votre proche adorait
À disposer des photos de lui ou de la famille à plusieurs époques avec si possible dans le cadre, l’environnement de la maison.
De ressortir des souvenirs précieux de vacances
Évidemment, ne changer pas le mobilier de place, c’est très perturbant pour eux.

Lui dire que rien ne l’attend à l’extérieur
Il va vous falloir rassurer votre proche sans chercher à le contrarier. Il vaut mieux lui dire par exemple : qu’il ne travaille pas aujourd’hui, que les enfants sont en colonie ou chez la nounou, ou encore que vous ferez le repas plutôt que le braquer. Le stress renforce les troubles, donc essayer de lui changer les idées et votre proche oubliera cet incident.

Offrez-lui des activités
Il faut que votre proche vive une journée qui a du sens pour lui. Proposez-lui de faire une promenade plus tard, ou de vous aider à l’intérieur de la maison. : repas, tâches ménagères, jardinage, pâtisserie, préparer un goûter, regarder un film, des photos, jouer aux jeux de société, raconter ses souvenirs…

De manière générale, donnez-lui envie de rester
Plus votre proche se sentira bien chez lui et sera occupé, moins il pensera à dehors. Pensez à mettre en dehors de sa vue, les manteaux, les chaussures, les parapluies. Ainsi, il ne pensera pas à sortir s’il a tendance à les voir lors de ses déambulations.

Et ne pas laisser votre proche tout seul ?
Soyez réaliste deux secondes, forcément à un moment ou un autre votre proche sera tout seul, car vous devrez prendre une douche, ou encore tout simplement aller aux toilettes. En plus, cela voudra dire que vous devrez arrêter de travailler. Franchement, ce n’est pas une vie pour vous.

Et l’enfermer ?
Alors, là il s’agit de votre propre cas de conscience. Personnellement, je suis contre. Déjà parce que si un incendie ou une fuite de gaz se déclare, cela le met en danger. Ensuite, cela va renforcer son envie de fuir, puisqu’il y a un déni de la maladie. Pour quelle raison on l’enfermerait chez lui ? Il risque de paniquer, et crier à l’aide s’il se rend compte qu’il est emprisonné. J’ai eu un patient qui a fuit par la fenêtre du premier étage, il a glissé de la gouttière, a fini paraplégique et en fauteuil mécanique. Mon propre père s’enfermait parfois dans la salle de bain et oubliait qu’il avait fermé le verrou.

Optez plutôt pour la technologie
Si votre proche et encore s’orienter et raisonner pour la localisation gps de son téléphone portable ou mieux investissez dans le téléphone portable avec bouton de secours, ou encore dans un autre type de GPS.
Remarque : ce système existe aussi avec un périmètre de sécurité, ainsi votre proche a un minimum de liberté

Le bracelet d’identification
Je déteste ce terme, mais malheureusement c’est celui de vente. Offrez-en à votre proche en lui disant que c’est un bracelet d’amour pour lui signifier que vous êtes toujours auprès de lui et que votre numéro de téléphone est dessus, s’il a besoin de quoi que ce soit.

III – CATASTROPHE : MON PROCHE A FUGUÉ !

 

 Vous avez fait tout votre possible, mais cela est arrivé malgré vous. Que devez-vous faire ?

1- Inspecter l’ensemble de l’appartement.
Votre proche a peut-être simplement eu peur de vous, car il ne vous a pas reconnu. Du coup, il peut penser que vous êtes un étranger et s’être planqué dans un placard, ou une autre pièce de la maison. De plus, c’est normal s’il ne vous répond pas puisqu’il pense que vous êtes un intrus.

2- Appeler la police
Une personne atteinte de la maladie d’Alzheimer est toujours traitée comme une urgence. Vous les rappellerez quand vous l’aurez retrouvé pour vous excuser.

3- Des photos récentes
Elles peuvent aussi bien servir à la police, qu’au voisinage qui viendrait vous prêter main forte.

4- Garder une fiche descriptive
Age, sexe, taille, poids, caractéristiques physiques, groupe sanguin, traitement médical, dossier dentaire, besoins alimentaires… bref, listez tout ce qui peut être pertinent pour l’identifier

5– Fournir à la police un vêtement non lavé et porté
Cela aidera la brigade cynophile. Les spécialistes recommandent de le changer tous les mois afin de garder une odeur forte.

6- Listez les endroits qu’il avait l’habitude de fréquenter, ainsi que les adresses de ses précédents logements.
Il est fortement possible que votre proche erre dans un endroit connu, s’il ne s’est pas perdu en chemin. De plus, votre proche ne doit pas se déplacer très rapidement. En général, on les retrouve dans le quartier.

7- Garder à portée de main une liste de lieux dangereux
Il faudra les inspecter en priorité après les endroits connus. Cela peut être des ponts, des carrefours fréquentés, des criques, des lieux abandonnés, des passages souterrains….

8- Avertir le plus de personnes possibles de l’état de santé de votre proche
Ainsi, on peut le retrouver plus vite, surtout si votre proche à l’habitude de déambuler. Ne vous sentez pas juger de faire cette démarche. Les gens sont en général humains et peuvent se mettre à votre place.

 

 

Alzy récapitule pour vous :

– La fugue n’est pas aussi courante que cela pour les personnes vivant avec la maladie d’Alzheimer, c’est les faits divers qui amplifient tout.

-Il existe des astuces à faire en amont, pour éviter que votre proche fugue

– Gardez toujours en tête que plus il sera occupé chez lui, moins il aura envie de voir l’extérieur.

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