MALADIE D’ALZHEIMER : COMMENT GÉRER LES CRIS ET LES PLEURS

soutien affectif fin de vie

Accompagner au quotidien une personne vivant avec la maladie d’Alzheimer ou un autre type de démence, ce n’est pas facile tous les jours. Votre proche peut s’énerver facilement, pleurer ou devenir violent dans ses paroles et dans ses gestes. Et ce n’est pas toujours le sundowning syndrom qui est en cause. Du coup, vous entrez dans un véritable parcours du combattant, car vous essayez de votre mieux de lui proposer des activités, mais il refuse tout en bloc.

Dans un premier temps, on se demandera pourquoi votre proche agit de cette manière. Puis, dans un second temps, nous étudierons les causes possibles de crises. Et nous conclurons, sur quelques conseils pour les éviter.

I – POURQUOI VOTRE PROCHE AGIT DE CETTE MANIÈRE ?

 

 

Il faut tout d’abord garder à l’esprit que votre proche surréagit, car il ne voit pas la situation qui a provoqué le changement dans son comportement de la même manière que vous.

Les personnes atteintes de troubles de type démence se fatiguent très vite. Tout ce qui vous paraît naturel, leur demande beaucoup d’effort de leur côté que cela soit les gestes exécutifs ou encore tenir une conversation. Par conséquent à la fin de la journée, elles sont épuisées et au bord de la crise de nerfs.

Si vous vous mettez à leur place lorsque vous êtes épuisé, vous auriez probablement eu la même réaction.

De plus, les personnes atteintes de troubles neurodégénératifs ont souvent l’impression d’être totalement débordés et la perte de concentration leur fait faire la même chose plusieurs fois donc, le monde va toujours trop vite.

Il faut aussi retenir qu’elles sont très sensibles au stress. Imaginez une journée où vous avez des choses à faire, mais qu’il vous faut le double ou le triple de temps pour faire qu’une seule tâche, c’est difficile de ne pas perdre son sang froid. Et encore plus, quand on vous reproche de ne rien faire ou de ne pas aller assez vite pour le faire.

Dernier facteur à ne pas négliger, l’acceptation de la maladie. Votre proche perd son autonomie de plus en plus et parvient à faire de moins en moins de choses. Cela peut être compliqué à supporter. Les larmes ou la colère peut arriver très vite voir parfois votre proche vous mettra en accusation pour son échec.

senior faché

II- QUELLES PEUVENT ÊTRE LES CAUSES DES CRISES ?

Voici une petite liste non exhaustive des raisons possibles de crises.

 Penser à plusieurs choses en même temps (par exemple : toutes les étapes pour prendre une douche)

 Essayer de faire quelque chose qui est devenu trop difficile (par exemple : fermer un gilet avec des petits boutons)

 Le fait que l’aidant soit contrarié (votre proche est une véritable éponge, il ressent vos émotions donc, si vous avez du mal à rester zen et souriant, il se braquera. C’est l’effet miroir

 La peur de passer pour une personne incapable (par exemple répondre aux questions d’un spécialiste lors d’un rendez-vous médical)

 Être pressé. Les seniors en général et les personnes atteintes de démence ont besoin de temps pour faire les choses. Leurs mouvements sont plus lents. Si vous entendez parfois : il n’y a pas le feu, ou minute papillon, ce n’est pas pour des clopinettes

 Un problème de compréhension. Il se peut aussi que votre proche n’est pas compris ce qu’on lui a demandé, ou encore ce qu’il a vu ou entendu

 La douleur ou la fatigue. En cas de douleur, on se focalise dessus et en ce qui concerne la fatigue tout le monde connaît l’effet qu’elle provoque sur la patience et les émotions.

 Un problème de communication. Votre proche a des troubles du langage. Crier ou pleurer c’est sa façon de communiquer avec vous. Il vous exprime un besoin insatisfait.

 L’infantiliser. Votre proche veut être considéré d’égal à égal. Il est un adulte, pas un enfant. Je sais que vous allez me dire que vous faites de plus en plus à sa place et que par conséquent vous avez l’impression qu’il redevient un enfant. Ce n’est pas de cela dont je vous parle, mais plutôt des mots que vous utilisez parfois sans vous en rendre compte. Comment le prendriez-vous si vos enfants vous parlaient comme si vous étiez un enfant ?

III – COMMENT DÉSAMORCER UNE CRISE ?

 

  • Son traitement médicamenteux. Si ce dernier a été changé récemment cela peut être un effet secondaire. Ou encore un problème de dosage. N’hésitez pas à vous rapprocher de votre médecin traitant

 

  • Besoin de se sentir utile. C’est primordial pour tout individu y compris votre proche. On se sent mieux dans sa vie lorsque l’on est dans le contrôle. Votre job est de détecter si l’activité qu’il est en train de faire peut le stresser. Votre but est d’éviter la mise en échec. Par exemple : votre proche fait la vaisselle, l’égouttoir est plein et il reste des choses à laver. Prenez la relève et proposez-lui d’essuyer. Ou encore de vous préparer un café en attendant.

 

  • Installer des routines. Les réactions extrêmes sont des répercussions du stress. Arrangez-vous toujours pour offrir des activités adaptées à votre proche. Les objets restent à leurs places, même si sa logique n’est pas la vôtre. Votre proche sait qu’il doit plier et ranger sa serviette en fin de repas, ou nettoyer la table…

 

  • Simplifier les activités. Votre proche commence à avoir du mal avec les petits boutons, changez-les pour des plus gros et si cela ne convient pas passer à la fermeture zippée. Il aime jardiner, plantez un seul légume ou fruit plutôt que plusieurs avec des techniques différentes. Levez un bol est compliqué, prenez un mug

 

  • Des activités au bon moment. Votre proche se sent douloureux au réveil, optez pour la douche après le petit-déjeuner. Vous voulez faire travailler sa mémoire, faites-le de préférence le matin, le soir doit être consacré aux activités reposantes.

 

  • On procède par étape. Votre but, éviter la mise en échec et le stress. Il est difficile pour votre proche atteint de troubles neurodégénératifs de penser à plusieurs choses à la fois. S’il est encore assez autonome, pensez au séquençage. Une image vaut mille mots. (par exemple pour prendre la douche, s’habiller et inversement ou encore aller aux toilettes). Si vous devez l’aider dans les gestes, dites-lui ce qu’il doit faire et féliciter-le. Par exemple : déboutonne ton pantalon. Super. Descend ton pantalon sur tes chevilles. Parfait. Maintenant on descend le slip…

Ainsi votre proche reste autonome et sait qu’il fait ce qu’il doit faire de la bonne manière.

 

  • Le stress arrive, on stoppe tout. Si votre proche commence à s’agiter et que vous êtes occupé, arrêtez tout pour l’aider à se calmer. Vous gagnerez plus de temps en faisant des pauses qu’en vous opposant à lui.

 

  • On s’éloigne. En changeant d’environnement la personne peut oublier ce qui l’a stressée et se calmer. Par exemple, une salle d’attente remplie d’inconnus.

 

  • On reste calme. Oui, je sais c’est plus facile à dire qu’à faire, mais perdre votre sang froid vous fera plus de tort que du bien. Et c’est parfaitement légitime quand on connaît la charge mentale qui pèse sur vous. Vous sentez que vous allez craquer, sortez de la pièce, respirer profondément et calmement. Si vous le pouvez passer le relais à quelqu’un d’autre. Si c’est impossible revenez quand la pression sera descendue à nouveau. Il est possible qu’entre temps votre proche est complètement oublié ce qui a provoqué ce malaise.

 

  • Pas d’argumentation ou de raisonnement. Si votre proche est en crise, penser et s’exprimer est encore plus difficile pour lui. L’argumentation ne servira à rien, car votre proche peut considérer cela comme de la colère. Changez de sujet ou d’activité.

 

  • Ne le touchez pas (sauf en cas de mise en danger). Votre geste peut être mal interprété et votre proche peut croire que vous chercher à l’immobiliser et donc il sera encore plus en colère. Même lui tenir la main peut parfois être vécue comme une agression bien que cela dépende du caractère de votre proche.

 

  • On fait le vide. Vous êtes plusieurs dans la pièce ? il y a probablement trop d’information à traiter pour lui. N’oubliez pas que c’est déjà épuisant pour lui de suivre une conversation alors plusieurs, vous imaginez ? De plus, si vous avez laissé une radio ou une télé allumée, éteignez-les, car votre proche entend une voix d’une personne qui ne voit pas, il peut penser qu’il y a un étranger chez lui.

 

  • On analyse le problème. Achetez-vous un cahier afin de noter les crises de votre proche pour que vous puissiez les analyser. N’hésitez pas à vous reporter à la vidéo de ma chaine youtube sur comment analyser un trouble du comportement. Votre analyse peut vous aider à régler certaines crises

 

Remarque : il est possible que vous ayez l’impression qu’aucune de ces astuces fonctionnent pour vous et c’est peut-être le cas la maladie d’Alzheimer étant proche à chacun.

Alzy récapitule pour vous :

– Les cris et les pleurs chez une personne vivant avec la maladie d’Alzheimer ou une apparentée révèlent un besoin non satisfait

– Il est important de garder son calme et d’analyser la situation qui a provoqué les troubles du comportement

 

– Il existe de nombreuses manières de désamorcer les crises

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